lundi 17 juin 2013

Un coup (à boire?) pour le Pasok

Je n'ai pas reconnu qui ce pouvait être au début. Un gros gars entouré d'un aréopage musclé, et de policiers qui accouraient, un remous dans la foule, des tables dérangées sur la terrasse de ce café, et des Parisiens qui continuaient de passer à côté, plus ou moins pressés, imperturbables. Le gars en question c'était Evangelos Venizélos, le président du Pasok, l'équivalent grec pour faire court du parti socialiste français. Le responsable du Pasok, légèrement groggy, stupéfait pour le moins, s'essuyait le front avec un mouchoir blanc, tentait de reprendre ses esprits après que deux de ses compatriotes en visite ou vivant à Paris, l'ayant reconnu, lui jetèrent un verre à la figure, le verre, et pas seulement le liquide qui le contenait.

La scène se passait sur la terrasse du café Saint-Victor, juste en face de la Mutualité à Paris où avait lieu ce samedi 5 juin le forum des progressistes européens, tout un programme. Que du beau monde, on aurait aimé pouvoir dire, de la belle Europe, de Harlem Désir à Martin Schultz, président du parlement européen, futur chancelier allemand ( peut-être), en passant par José Séguro, le Portugais, Guglielmo Epifani l'Italien, Alfredo Pérez Rubalcapaba le secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol, et d'autres jusqu'à Jacques Delors qui pleurait le temps passé. Ce dernier semblait en effet, du haut de ses 87 ans et de son expérience européenne, regretter que l'Europe aujourd'hui ne fût pas tout à fait celle qu'il avait rêvée.
A qui la faute ?

Cette question, essentielle pourtant, ne fut pas vraiment posée au cours de ce forum qui réunissait les "progressistes européens". Et c'est vrai qu'ils l'étaient progressistes si on les compare à tous ceux qui aujourd'hui partout en Europe composent les ( extrême)-droites européennes qui montent, qui montent...
Progressistes mais qui ne le furent pas assez sans doute, ou par trop pusillanimes : ce sont les mêmes dans ce forum qui déplorent au fil de leurs interventions le chômage endémique qui ronge aujourd'hui tout le continent. Ils dénoncent tout aussi bien les spéculateurs qui sévissent dans la zone euro laquelle est devenue, comme si on ne s'y était jamais attendu, le terrain de chasse privilégié de l'oligarchie financière. Ils s'étonnent et regrettent, à juste titre mais un peu tard, que la banque centrale européenne puisse prêter à un 1% à des banques commerciales qui à leur tour prêtent aux Etats à des taux prohibitifs.

On a donc entendu un constat d'échec, mais prononcé sur le bout des lèvres, comme si personne parmi eux n'avait pu l'empêcher alors qu'il leur arriva de tenir en Europe les rênes du pouvoir. Ils n'ont pu empêcher ce à quoi l'Europe est arrivée, un "machin" ingouvernable incapable de produire ni la prospérité, et encore moins la justice sociale. Où donc est passée l'idée d'Europe sociale dont ces partis, socio-démocrates au départ ou qui le sont peut-être encore,  devaient être les promoteurs ?

Et il y eut même pour certains, comme un soupçon de satisfecit décalé : tel  Evangelos Venizélos qui eut la mauvaise idée de prendre ce verre, au propre comme au figuré au café Saint-Victor en face de la mutualité. Ironie du sort : il venait de se féliciter, en substance, que son pays, la Grèce, avait atteint certains des objectifs de la Troïka ( FMI, commission européenne, banque centrale européenne).

Sans grande compassion pour son peuple à qui il  dut imposer, avec d'autres, des sacrifices bien inutiles. Le hasard fit le reste, il tomba sur deux de ses compatriotes, deux touristes grecs, (ou des travailleurs ayant trouvé en France des cieux plus cléments si c'est encore possible), deux de ses compatriotes helléniques qui passaient par là et qui, eux, le reconnurent.

JMG

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